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Bikepacking : tête à tête avec l'Outback australien

par Clotaire Mandel
21 juin 2023
mis à jour 26 juin 2023
1106 lecteurs

En voyage à vélo à travers le monde depuis plus de quatre ans, Clotaire continue d’affiner ses choix de matériel suivant l’évolution de sa façon de voyager. Retour sur sa traversée de l’Australie pleine d'émotions, entre pistes, gros pneus et bikepacking pour prendre la mesure d’un pays immense et sauvage.

Dans le coeur des géants. Le climat humide du sud-est est propice au libre développement de très gros arbres, Otways national park.
Dans le coeur des géants. Le climat humide du sud-est est propice au libre développement de très gros arbres, Otways national park.
Darwin. Joie sans nom que d’arriver de l’autre côté du pays, au bord de la mer de Timor.
Darwin. Joie sans nom que d’arriver de l’autre côté du pays, au bord de la mer de Timor.

L’Australie ne fait pas partie des itinéraires les plus plébiscités par les cyclistes. Il y a autant d’arguments pour ne pas y poser les roues que j’en ai trouvés pour la traverser avec mon vélo. D’abord, elle était là, juste à côté de la Nouvelle-Zélande où j’avais installé mes sacoches depuis deux ans. Et puis elle est bien trop imposante sur la carte pour prétendre ne pas l’avoir remarquée. Le récit qui suit raconte un voyage de plusieurs mois dont le tracé rectiligne masque une quantité déconcertante de soubresauts solidement ancrés dans ma mémoire.

Reprendre la route

La pandémie m’avait bloqué en Nouvelle-Zélande après plus de deux ans sur le chemin du monde, mon Pédalistan*. Patient, j’ai d’abord passé beaucoup d’heures à guetter les ouvertures de frontières. Puis les barrières se sont levées doucement, autorisant une remise en route. Quand je débarque à Melbourne, je suis bien seul. Personne, dans mon entourage néo-zélandais, n’ayant été tenté par une chevauchée dans le désert australien. Un projet qui, définitivement, n’attire pas. Les Australiens prenaient ça pour une blague, les Néo-Zélandais pour de la folie, et ceux qui trouvaient ça cool n’avaient aucune idée de la distance et de l’ampleur de la tâche. S’il y a mille et un itinéraires pour traverser le pays, avec les saisons, en revanche, on ne transige pas. Mon arrivée fin mars est donc stratégique. Le tout est de quitter le sud avant l’hiver, et d’arriver justement dans le nord avec ses prémices. Je m’élance donc, quittant mes chères amies à Melbourne et leur maison douillette. La route m’appelle, mais surtout, je sais qu’il ne faut jamais trop s’habituer au confort. Et je suis servi, car la transition est violente, l’automne se rappelle brusquement à moi au cours des premières centaines de kilomètres. La pluie, le vent, le froid. On est loin de ce que j’avais pu imaginer avant d’arriver. Les clichés ont la vie dure.

* Parti en 2018 sans date de retour (cf. son récit « Aller simple pour le Pédalistan » dans CA59), le voyage de Clotaire court toujours.

 

... et la suite ?