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Une marche à travers l'Europe

(en cours)
Récit d'une traversée d'Europe à pieds en solitaire et par les montagnes, du détroit de Gibraltar à Istanbul.
randonnée/trek
Quand : 19/02/23
Durée : 500 jours
Distance globale : 6642km
Dénivelées : +184825m / -182636m
Alti min/max : -1m/3013m
Carnet publié par SamuelK le 08 oct. 2023
modifié le 20 mai
Mobilité douce
Réalisé en utilisant transports en commun (train, bus, bateau...)
Précisions : Pour me rendre au départ : bus de Bordeaux à Tarifa. Pour le retour : en voilier par la méditerranée ?
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Vue d'ensemble

Le topo : Espagne : Jarandilla de la Vera > Segovia (Sierra de Gredos) (mise à jour : 08 oct. 2023)

Distance section : 275km
Dénivelées section : +10373m / -10132m
Section Alti min/max : 589m/2477m

Description :

03/04/2023 > 19/04/2023
288 km ; D+ 11,7 km ; D- 11,4 km

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Le compte-rendu : Espagne : Jarandilla de la Vera > Segovia (Sierra de Gredos) (mise à jour : 08 oct. 2023)

Le hasard a fait que mon ami Mathéou me rejoigne à un moment de choix : le jour même où j'entame la montagne, la "vraie". C'est ainsi ensemble que nous montons dans la Sierra de Gredos, le principal massif du Système central, cette chaîne de montagnes de 700 km qui s'étend du Portugal jusqu'à une centaine de kilomètres au Nord-Est de Madrid. Le long de cette chaîne montagneuse assez étroite et bordée de plateaux, il y a souvent une seule crête sur laquelle nous marchons, voyant ainsi le paysage jusqu'à l'horizon au Nord et au Sud. À l'instar du Jura, on peut paradoxalement évoluer dans un environnement montagneux, tout en voyant les nationales et les lumières de la ville en contrebas. Le plateau au Sud est verdoyant de plaines et de forêts parsemées de villes et villages, tandis que le versant Nord est vallonné, aride et isolé. C'est un plaisir de retrouver l'atmosphère et les sensations de la montagne : les sentiers, les odeurs, la météo fluctuante, la faune et la flore caractéristiques d'altitude, les lacs et les cabanes, etc. Les passages délicats et les névés qui nécessitent de la concentration contrastent avec les longues pistes où l'on peut s'affranchir de regarder là où pose les pieds. La première semaine ensemble est la plus montagneuse : nous traversons la Sierra de Gredos d'Ouest en Est, de Jarandilla de la Vera à Mijares, en un seul ravitaillement, conséquent mais frugal sur la fin... Nous progressons parfois lentement car des portions du sentier sur la crête ne sont plus empruntés ou presque, et sont entrain d'être recouvertes par la végétation, voire n'existent déjà plus. C'est là l'avantage et l'inconvénient de s'orienter avec la cartographie OpenStreetMap (OSM) : la base de donnée est exhaustive, mais certains chemins ont disparu des cartes papier, panneaux etc., et par conséquent disparaissent progressivement tout court ! Alors une cartographie plus complète offre plus de choix et de liberté, mais parfois on se retrouve dans ces situations : on sait que ça passe car il existait un chemin, mais aujourd'hui il faut marcher dans la caillasse et la végétation. Je trouve vraiment dommage de laisser des sentiers ainsi à l'abandon. Ils sont l'héritage d'un temps où il servaient à autre chose que le simple plaisir de randonner, et leur création a nécessité du travail. Heureusement qu'il existe la cartographie OSM et l'orientation GPS ! On peut voir le fait de les emprunter comme un micro-acte citoyen pour les entretenir, mais à partir d'un certain état il faudrait un passage au sécateur ou au rotofil... Nous nous retrouvons donc à marcher dans des parterres de genêts qui dominent l'écosystème. Parfois nous cherchons ce qu'il reste du chemin et nous redoutons chaque moment où il semble s'effacer, parfois nous avançons simplement tel des sangliers dans ces genêts qui nous arrivent jusqu'à la taille, en trouvant ça au fond amusant !

Les deux derniers jours avant de descendre au village de Mijares pour se ravitailler, nous mangeons des vermicelles au bouillon-cube et faisons sans cesse l'inventaire des quelques biscuits qui nous restent, alors nous nous offrons repos et festin en arrivant ! Au moment de repartir, nous décidons de ne pas remonter sur la crête car nous avons eu notre dose de genêts et car Mathéou a une douleur au tendon d'Achille. Nous marchons alors à flanc de montagne sans perdre au change en termes d'atmosphère et de vues. C'est le début d'un long va-et-vient au niveau de la douleur de Mathéou, qui nous fait faire des sauts de puces et alterner entre l'idée de pouvoir repartir ou de devoir s'arrêter pour cette fois-ci pour lui. Ces nouveaux jours de repos sont l'occasion pour moi d'enfin me mettre à la création de cette page facebook. Finalement, alors que Mathéou était sur le point de rentrer en France, la douleur s'en va ou du moins est supportable. Nous ne saurons pas si le remède de passer de 'ne pas boire assez' à 'boire énormément' a été la cause de cette guérison ou une coïncidence.

La montagne se fait moins haute, plus étendue et plus habitée dans cette suite du Système central. Nous traversons de nombreuses forêts de pins, lacs et barrages hydroélectriques. La météo est incroyablement stable : chaud et sec. Puisqu'il n'y a jamais de pluie ni de condensation pendant la nuit, nous avons pris l'habitude de ne plus monter la tente. Entre les nuits en cabane et toutes celles à la belle étoile, nous l'avons laissée au fond du sac sauf pour les quelques nuits passées à côté d'un lac (condensation oblige). Quel gain de confort et quelle belle sensation de simplement s'endormir à même le sol en regardant les étoiles, puis de se réveiller juste avant le levé du soleil !

Ce n'était pas sur mon itinéraire initial, nous décidons de descendre de la montagne côté Nord pour passer par la ville de Segovia. Nous nous y arrêtons deux jours. Cela fût une excellente idée, Segovia est une ville magnifique avec des monuments incroyables ! En ayant aucun à priori sur la ville ni aucune information avant de la découvrir, la surprise n'est que plus grande lorsque nous découvrons cet aqueduc romain et cette cathédrale. Segovia possède l'un des aqueducs romains les mieux conservés. Construit au 1er siècle, il possède 167 arches sur une longueur se 813 mètres, construit en blocs de granit assemblés sans mortier ! Il faisait partie d'un système acheminant l'eau depuis les montagnes à 17 km, qui a été en service jusqu'en 1973 ! Cet édifice nous a ému par son élégance et sa prouesse. La cathédrale de Segovia est visible depuis très loin par son clocher, l'intérieur est tout aussi majestueux. Après deux jours en ville, l'occasion d'un reset corporel et matériel, et de goûter aussi cette atmosphère là, il est temps de reprendre le sac-à-dos.


Les parterres de genêts sur les crêtes
Les parterres de genêts sur les crêtes
On profite des nombreux abris en montagne, que ce soient des cabanes pastorales qui restent ouvertes en dehors des transhumances, ou de petits refuges non gardés ouverts et à toutes et à tous.
On profite des nombreux abris en montagne, que ce soient des cabanes pastorales qui restent ouvertes en dehors des transhumances, ou de petits refuges non gardés ouverts et à toutes et à tous.
Ne dirait-on pas un Moaï de l'île de Pâques ?
Ne dirait-on pas un Moaï de l'île de Pâques ?
Descente vers Mijares, fin de la Sierra de Gredos mais pas du Système central.
Descente vers Mijares, fin de la Sierra de Gredos mais pas du Système central.
L'aqueduc romain de Segovia
L'aqueduc romain de Segovia
La cathédrale de Segovia au levé du jour
La cathédrale de Segovia au levé du jour
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